les carrières de Bibémus… un paysage inspiré

Ninon Anger et Philippe Deliau édition Alep

S’approcher humblement du lieu… tellement visité…exploité il y a bien longtemps déjà puisque les Romains… Puis fermé par de vagues barrières.
Comme nombre d’Aixois, j’ai escaladé, je me suis approchée pour visiter clandestinement ce site mythique : le cabanon, les fronts de taille, falaises ou trous embroussaillés, chemins encombrés, abandon.
Et un jour de février 2006, je suis invitée à une réunion de chantier ! Re découverte.
Déjà les forestiers ont élagué, dégagé, aéré, débroussaillé.
Les fronts de taille apparaissent aux couleurs chaudes mais timides, ce n’est pas encore la lumière de l’été.
La roche burinée, striée, gravée ! Oui, je reconnais cette atmosphère ! Elle nous imprègne tellement ! Les arbres barrent les carrières comme au temps de Cézanne découpant l’espace, le ciel, le sol. La pierre est comme phosphorescente ! Tout y est ! Parcours dans des endroits ouverts, clairs ou fermés plus sombres.
Philippe Deliau m’invite à y faire des dessins !

Moi ? Sur les traces du grand maître ! J’ai déjà mis 5 ans avant de peindre la Ste Victoire ! C’est vrai que cette année-là, le feu avait ravagé la forêt et les paysages.
Comment m’y prendre ?
D’abord, essayer d’oublier ce qui a été dit. M’autoriser à aller explorer, sans complexe. Aborder les carrières dans leur spécificité. Lieu de travail, d’usinage. Ce n’est pas pour me déplaire. Travail de l’homme dans cette nature. Soleil, ombre, lumière, nuage qui s’échinent sur la pierre bleue ou dorée, éclatante et changeante.
Rien n’est vertical, tout est penché, cela crée une belle dynamique. Le triangle du ciel découpé à travers les arbres tendus. Pierre de taille en équilibre sur un socle amincit. Biseau. Fragilité. Passages secrets. Graffitis, signes, dates, griffures, sculptures…
C’est sûr, Cézanne est présent ici ainsi que des générations de peintres qui ont fait le mur et découvert ce qui a inspiré le maître. Ce que Cézanne a si bien su rendre et nous montrer.
Alors, se blottir dans un coin, essayer de voir avec des yeux du 3ème millénaire !
Oublier et me laisser envahir par la magie du lieu.

ninon anger
mars 2006